Auteur·trice·s : Elsa Dorlin
Éditeur·trice : Zones
Pages : 250
Date de parution : 2017
Genre·s : Essai, philosophie
Synopsis : En 1685, le Code noir défendait « aux esclaves de porter aucune arme
offensive ni de gros bâtons » sous peine de fouet. Au XIXe siècle, en
Algérie, l’État colonial interdisait les armes aux indigènes, tout en
accordant aux colons le droit de s’armer. Aujourd’hui, certaines vies
comptent si peu que l’on peut tirer dans le dos d’un adolescent noir au
prétexte qu’il était « menaçant ».
Une ligne de partage oppose historiquement les corps « dignes d’être défendus » à ceux qui, désarmés ou rendus indéfendables, sont laissés sans défense. Ce « désarmement » organisé des subalternes pose directement, pour tout élan de libération, la question du recours à la violence pour sa propre défense.
Des résistances esclaves au ju-jitsu des suffragistes, de l’insurrection du ghetto de Varsovie aux Black Panthers ou aux patrouilles queer, Elsa Dorlin retrace une généalogie de l’autodéfense politique. Sous l’histoire officielle de la légitime défense affleurent des « éthiques martiales de soi », pratiques ensevelies où le fait de se défendre en attaquant apparaît comme la condition de possibilité de sa survie comme de son devenir politique. Cette histoire de la violence éclaire la définition même de la subjectivité moderne, telle qu’elle est pensée dans et par les politiques de sécurité contemporaines, et implique une relecture critique de la philosophie politique, où Hobbes et Locke côtoient Frantz Fanon, Michel Foucault, Malcolm X, June Jordan ou Judith Butler.
Une ligne de partage oppose historiquement les corps « dignes d’être défendus » à ceux qui, désarmés ou rendus indéfendables, sont laissés sans défense. Ce « désarmement » organisé des subalternes pose directement, pour tout élan de libération, la question du recours à la violence pour sa propre défense.
Des résistances esclaves au ju-jitsu des suffragistes, de l’insurrection du ghetto de Varsovie aux Black Panthers ou aux patrouilles queer, Elsa Dorlin retrace une généalogie de l’autodéfense politique. Sous l’histoire officielle de la légitime défense affleurent des « éthiques martiales de soi », pratiques ensevelies où le fait de se défendre en attaquant apparaît comme la condition de possibilité de sa survie comme de son devenir politique. Cette histoire de la violence éclaire la définition même de la subjectivité moderne, telle qu’elle est pensée dans et par les politiques de sécurité contemporaines, et implique une relecture critique de la philosophie politique, où Hobbes et Locke côtoient Frantz Fanon, Michel Foucault, Malcolm X, June Jordan ou Judith Butler.
Mon avis : Au vu du titre et du résumé, j'aurais pu avoir un peu peur de me lancer dans cette lecture, craignant de manquer de culture et de notions en philosophie... Mais le sujet m'intéressait tellement que je me suis lancée. Professeure de philosophie, Elsa Dorlin retrace, à travers les époques, la violence et l'auto-défense des personnes oppressées...
Aussi, après une longue introduction où sont évoqués la torture infligée à Millet de la Girardière en 1802, et le meurtre de Rodney King, un homme noir lynché par des policiers en 1991, l'autrice va nous parler de l'esclavage et du Code noir qui interdisait aux personnes noires de porter une arme.
De nombreux sujets sont abordés dans cet essai : les suffragettes, l'esclavage, le mouvement pour les droits des personnes LGBTQ+, le féminisme, les Black Panthers... Dans tous les cas, il y a des références à la violence et à la défense. Nous y apprenons comment une personne blanche peut tuer un adolescent noir désarmé et ne pas aller en prison ensuite, et quelles sont les techniques de défense appliquées par les oppressé·e·s.
Il y a de nombreuses notes et références dans cet ouvrage, qui s'étalent à la fin du livre sur plus d'une soixantaine de pages. Certaines sont très longues, expliquent un concept ou un événement, et d'autres nous invitent à consulter telle page Internet, à regarder telle vidéo ou à lire tel livre. J'ai lu toutes les notes, sans pour autant approfondir mes recherches, ne voulant pas arrêter ma lecture sans arrêt. Il me semble néanmoins intéressant de le faire et, pourquoi pas, d'y revenir plus tard.
Ce que je pourrais reprocher à ce livre, c'est les très nombreuses notes. Je devais sans cesse stopper ma lecture pour aller lire les notes à la fin (si bien que j'avais glissé un marque-page pour y aller plus facilement), et ce n'était pas toujours simple à suivre.
Mis à part ça, c'était une lecture très enrichissante, vraiment fournie et fouillée, qui parle notamment des droits des personnes africaines-américaines et afro-descendantes, et du féminisme, avec toujours en toile de fond cette question : comment répondre à la violence ?
J'aurais dû prendre des notes ou installer des post-it durant ma lecture, parce que j'ai appris tant de choses que je ne retiendrais jamais tout (tant pis, je le feuilletterais au besoin). Contrairement à ce que je pensais, l'écriture reste assez accessible, mis à part à certains moments. C'est un essai très intéressant, que je suis ravie d'avoir découvert.
16/20
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