Auteur : Tahar Ben Jelloun
Genre : Témoignage, essai
Éditeur : Gallimard
Collection : Blanche
Parution : 2 janvier 2014
Pages : 144
Prix : 14 euros 90
ISBN : 978-2070144129
Synopsis :
«Témoins vigilants, observateurs attentifs, il arrive parfois que les
romanciers se voient confier des vies pour les raconter dans leurs
livres. Ils font alors fonction d'écrivain public. C'est ce qui m'est
arrivé il y a deux ans lorsqu'un ami, qui avait été opéré de la
prostate, m'a demandé d'écrire l'histoire de son ablation. Je l'ai
écouté pendant des heures. Je l'ai accompagné dans ses pérégrinations
hospitalières. Je suis devenu ami avec le professeur d'urologie qui le
suivait. L'idée d'un livre s'est imposée peu à peu. Un livre utile qui
rendrait service aux hommes qui subissent cette opération, mais aussi à
leur entourage, leur femme, leurs enfants, leurs amis, qui ne savent
comment réagir. Mais la situation était délicate : fallait-il, comme le
demandait mon ami, tout raconter, tout décrire, tout révéler ? Après
réflexion, j'ai choisi de tout dire.»
Tahar Ben Jelloun.
Mon avis :
Dans ce témoignage, Tahar Ben Jelloun se dévoile sur son cancer de la prostate, et particulièrement celui d'un de ses amis qui, contrairement à l'auteur, a été obligé de subir une ablation, qui a bien évidemment été un passage très dur à vivre. Si Tahar Ben Jelloun décide de parler de cette maladie dans son livre, c'est pour aider les hommes qui doivent face à un cancer de la prostate, les aider eux, ainsi que leur entourage. Parce que, comme le dit l'auteur, un homme qui subit une ablation comme celle-ci se tait, il n'en parle pas.
Cette histoire est donc racontée sans tabou, avec une sincérité, parfois crue, que je ne peux qu'applaudir. En effet, il doit être drôlement compliqué de se dévoiler ainsi, de raconter tout : la douleur, la panique, la honte, la gêne, parce qu'on ne peut plus faire l'amour normalement, parce qu'on est devenu incontinent. Savoir accepter et vivre avec ça, c'est probablement très dur, puisque c'est en quelques sortes la fierté masculine qui est mise à l'épreuve.
En parler, c'est aussi admettre que l'on est pas éternel, que ce foutu cancer pourrait bien avoir notre peau. On en parle pas, parce qu'on sait que ça fait peur, que ça gêne, que ça effraie. L'idée de la mort est angoissante, pour la personne concernée, comme pour son entourage. C'est une épée de Damoclès au-dessus de notre tête.
J'ai été très touchée par ce roman, par sa sincérité, par la souffrance que cet homme a gardée pour lui... En effet, n'ayant bien sûr pas vécu personnellement ceci, je ne peux l'imaginer. Néanmoins, j'ai plusieurs personnes, parmi mon entourage, qui ont ou ont eu un cancer. Certains l'ont surmonté, et, pour d'autres, c'est le cancer qui a eu raison d'eux. J'ai également une personne proche qui a subit une ablation du sein suite à un cancer du sein. Elle a également subi de la chimiothérapie, qui lui a fait perdre ses cheveux. Tout cela a été long, et sans doute très douloureux. Elle ne disait rien, mais on la savait angoissée, on le devinait, et on l'était, nous aussi. Grâce à ce livre, j'ai pu imaginer ce qu'elle a pu ressentir, lors de la perte de ses cheveux et, surtout, lors de l'ablation du sein. La perte de l'identité féminine, en quelques sortes. Tout comme là, l'ablation de la prostate est quelque chose de difficile à vivre pour un homme.
Comme je le disais, j'ai été très touchée par cette histoire, et pas uniquement par rapport à mon vécu personnel et à celui de ma famille, mais parce que le récit en lui-même est touchant. Parce qu'on pourrait tous, un jour, être concerné, et qu'il est important, sinon primordial, d'aborder la question. Je remercie Tahar Ben Jelloun de l'avoir fait, avec autant de sincérité.
pas mon genre non plus ><
RépondreSupprimerIl a l'air sympa :)
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