Auteur·trice·s : Charles Patterson
Traducteur·trice·s : Dominique Letellier
Éditeur·trice : Calmann-Lévy
Pages : 313
Date de parution : 2008
Genre·s : Essai
Synopsis : La souffrance des animaux, leur sensibilité d'êtres vivants, est un des
plus vieux tabous de l'homme. Dans ce livre iconoclaste - que certains
considéreront même comme scandaleux -, mais courageux et novateur,
l'historien américain Charles Patterson s'intéresse au douloureux
rapport entre l'homme et l'animal depuis la création du monde.
Il soutient la thèse selon laquelle l'oppression des animaux sert de modèle à toute forme d'oppression et la "bestialisation" de l'opprimé obligée sur le chemin de son anéantissement. Après avoir décrit l'adoption du travail à la chaîne dans les abattoirs de Chicago, il note que Henry Ford s'en inspira pour la fabrication de ses automobiles. Ce dernier, antisémite virulent et gros contributeur au parti nazi dans les années 30, fut même remercié par Hitler dans Mein Kampf. Quelques années plus tard, on devait retrouver cette organisation du "travail" dans les camps d'extermination nazis, où des méthodes étrangement similaires furent mises en œuvre pour tétaniser les victimes, leur faire perdre leurs repères et découper en tâches simples et répétitives le meurtre de masse de façon à banaliser le geste des assassins.
Un tel rapprochement est lui-même tabou, étant entendu une fois pour toutes que la Shoah est unique. Pourtant, l'auteur yiddish et prix Nobel de littérature Isaac Bashevis Singer (qui a écrit, dans une nouvelle dont le titre de ce livre est tiré, "pour ces créatures, tous les humains sont des nazis") fut le premier à oser la comparaison entre le sort réservé aux animaux d'élevage et celui que les hommes ont fait subir à leurs semblables pendant la Shoah.
S'inspirant de son combat, Patterson dénonce la façon dont l'homme s'est imposé comme "l'espèce des seigneurs", s'arrogeant le droit d'exterminer ou de réduire à l'esclavage les autres espèces, et conclut son essai par un hommage aux défenseurs de la cause animale, dont Isaac Bashevis Singer lui-même.
Il soutient la thèse selon laquelle l'oppression des animaux sert de modèle à toute forme d'oppression et la "bestialisation" de l'opprimé obligée sur le chemin de son anéantissement. Après avoir décrit l'adoption du travail à la chaîne dans les abattoirs de Chicago, il note que Henry Ford s'en inspira pour la fabrication de ses automobiles. Ce dernier, antisémite virulent et gros contributeur au parti nazi dans les années 30, fut même remercié par Hitler dans Mein Kampf. Quelques années plus tard, on devait retrouver cette organisation du "travail" dans les camps d'extermination nazis, où des méthodes étrangement similaires furent mises en œuvre pour tétaniser les victimes, leur faire perdre leurs repères et découper en tâches simples et répétitives le meurtre de masse de façon à banaliser le geste des assassins.
Un tel rapprochement est lui-même tabou, étant entendu une fois pour toutes que la Shoah est unique. Pourtant, l'auteur yiddish et prix Nobel de littérature Isaac Bashevis Singer (qui a écrit, dans une nouvelle dont le titre de ce livre est tiré, "pour ces créatures, tous les humains sont des nazis") fut le premier à oser la comparaison entre le sort réservé aux animaux d'élevage et celui que les hommes ont fait subir à leurs semblables pendant la Shoah.
S'inspirant de son combat, Patterson dénonce la façon dont l'homme s'est imposé comme "l'espèce des seigneurs", s'arrogeant le droit d'exterminer ou de réduire à l'esclavage les autres espèces, et conclut son essai par un hommage aux défenseurs de la cause animale, dont Isaac Bashevis Singer lui-même.
Mon avis : J'entends parler de ce livre depuis très longtemps, et quelqu'un me l'a offert à Noël l'année dernière parce que j'avais très envie de le lire pour me faire mon propre avis dessus... Entre temps, ma pensée a beaucoup évoluée, et, désormais, ça me gêne profondément de voir des comparaisons faites entre l'exploitation animale et la Shoah - par exemple.
Qu'importe, je voulais comprendre pourquoi parmi les animalistes, il y en avait tant pour faire des parallèles.
Cet essai est très documenté, si bien que sa lecture n'en a pas été aisée parce que les nombreuses références alourdissent le tout. Charles Patterson raconte comment les Juif·ve·s ont été traité·e·s durant la Seconde Guerre Mondiale, et il explique les similitudes avec la manière dont les animaux (d'élevage, notamment) sont traités.
J'ai pu apprendre de nombreuses choses sur la Shoah, et c'était très intéressant bien que déprimant.
Mais je reste campée sur mes positions de départ : les comparaisons entre la Shoah et l'exploitation animale sont, selon moi, très maladroites, surtout quand elles viennent de personnes non-juives (dans ce cas précis, l'auteur est concerné mais les personnes qui portent ce livre comme étendard et parlent sans cesse de "camps de concentration" ne le sont pas, la plupart du temps).
Il y a eu des similitudes dans les traitements qui étaient réservés, mais les buts étaient complètement différents : dans l'un des cas, il s'agissait de faire disparaître tout un peuple et dans l'autre, nous faisons naître inlassablement des animaux afin de pouvoir continuer à les manger.
J'ai la même opinion vis-à-vis des autres comparaisons (esclavage, viol pour parler de l'insémination artificielle) parce que j'estime qu'en tant qu'animalistes, nous n'avons pas à nous approprier la souffrance d'autres humain·e·s pour défendre notre cause, et que les parallèles n'ont pas lieu d'être parce que c'est tout simplement différent... Et je ne suis pas en train de nier que l'exploitation animale est abominable.
Je suis tout de même contente d'avoir découvert cet ouvrage qui m'a permis d'en apprendre plus, mais je pense que nous devrions laisser ce type de comparaisons à Charles Patterson et aux autres personnes concernées qui désirent les faire.
13/20
Salut,
RépondreSupprimerautant je peux comprendre ton malaise, autant je ne partage pas ta vision. Il es vrai que comparer la souffrance animale à d'autres sujets tels que la Shoah, l'esclavage ou le viol est un sujet périlleux et peur amener à des maladresses.
Néanmoins, sans pour autant chercher à faire perdre de la légitimité à ces autres sujets, ces comparaisons permettent de faire comprendre et de partager l'ampleur de ce que subisse les animaux chaque jours.
Lorsque j'évoque ce sujet en public, je ne défend pas cette comparaison à titre personnel, n'étant pas de confession judaïque. Mais je cite d'autres personnes, qui eux le sont et qui ont fait ses comparaisons. Une fois encore, le but n'est pas de décrédibiliser d'autres mouvements mais bien encore de montrer les concordances dans différents systèmes d'oppressions.
Bonjour,
SupprimerEncore une fois, je ne suis pas certaine qu'il soit pertinent de faire des comparaisons parce qu'elles choquent et blessent des personnes qui sont concernées, et que ça détourne le sujet... J'ai eu à plusieurs moments l'impression que l'auteur parlait des Juifs et non pas des animaux comme sujet principal, par exemple.
De plus, je trouve ça plus que limite de s'approprier d'autres mouvements et d'autres souffrances... On peut sensibiliser les gens à la cause animale sans parler de souffrance humaines :) On sait que les animaux sont des êtres sentients et que nous n'avons plus besoin, à l'heure actuelle et en Occident, de manger des produits d'origine animale pour être en bonne santé, et qu'écologiquement continuer à en consommer c'est une catastrophe, ainsi qu'éthiquement. Ce sont ces arguments qu'à titre personnel je préfère employer.
De plus, ce ne sont pas les mêmes choses. Le but de la Shoah, par exemple, était de tous·tes les exterminer... Ici, on ne cherche pas à les rayer de la surface de la Terre, au contraire, on les fait se reproduire inlassablement dans le but de les utiliser !
Merci pour ton commentaire, en tous cas :)
Chronique très intéressante avec un avis que je partage. J'ai été très surprise, par ailleurs, de la couverture que tu as affichée : le texte du bandeau est assez aberrant, et ne fait que rendre encore plus pertinente ta critique.
RépondreSupprimerMerci beaucoup !
SupprimerIl y avait ce bandeau quand le livre m'a été offert. C'est une phrase prononcée par un survivant des camps, d'ailleurs.
L'ouvrage était intéressant, mais je persiste et signe mon avis comme quoi c'est maladroit et, surtout, ce n'est pas la même chose. :)