mardi 9 octobre 2018

Le malheur du bas, d'Inès Bayard


Auteur·trice·s : Inès Bayard
Éditeur·trice : Albin Michel
Pages : 268
Date de parution : 22 août 2018
Genre·s : Roman, drame

Synopsis : « Au cœur de la nuit, face au mur qu'elle regardait autrefois, bousculée par le plaisir, le malheur du bas lui apparaît telle la revanche du destin sur les vies jugées trop simples. »

Dans ce premier roman suffoquant, Inès Bayard dissèque la vie conjugale d'une jeune femme à travers le prisme du viol. Un récit remarquablement dérangeant.

Mon avis : 

tw : viol, infanticide

Cette critique me paraît compliquée à écrire, mais je vais m'y atteler au mieux. Je peux déjà dire que cet ouvrage de la rentrée littéraire ne m'a pas laissée indifférente... L'histoire, c'est celle de Marie, une femme d'une trentaine d'années qui vit à Paris avec son mari, Laurent. Tout baigne dans sa vie, elle travaille dans une banque, elle est heureuse et le couple envisage même d'avoir des enfants. Mais un soir, son patron va la violer. 

De là va s'en suivre un engrenage infernal. Elle se tait, meurtrie. Et puis, elle apprend qu'elle est enceinte. Elle est persuadée que le père est son violeur. Marie ne veut pas de cet enfant. Elle prend alors la décision de le tuer. Je ne vous spoile rien en disant ainsi, puisque le roman débute sur le meurtre de toute la famille. Puis, nous allons remonter dans le temps, afin de comprendre ce qui l'a menée jusque-là... 

À de nombreuses reprises, j'ai dû faire une pause dans ma lecture, notamment après la description du viol, afin de ne pas être trop heurtée. Mais les assauts de Laurent, qui ne se questionne pas sur l'état de sa femme, m'ont tout autant choquée. Il ne prend pas en compte ses besoins et ses désirs, obsédé par l'idée de la sexualité. J'ai trouvé le rapport entre les deux protagonistes très malsain, et nous pouvons supposer qu'il était déjà présent avant. 

J'ai trouvé intéressant qu'Inès Bayard décortique le traumatisme de Marie qui va l'amener à commettre un infanticide. Bien que je ne cautionne absolument pas cet acte, il est important de pouvoir le comprendre - sans l'excuser. 

Bien évidemment, toutes les victimes de viol ne réagissent pas de cette manière. Là, Marie est enceinte, elle s'enferme dans le silence et, malgré quelques signes évidents, ces proches ne voient rien. Elle ne dispose d'aucun soutien. Inès Bayard a raconté la façon de réagir de cette femme, mais il faut bien garder à l'esprit que chaque personne est différente.

Les chapitres sont relativement courts, ce qui fait monter crescendo l'angoisse, le malaise... Nous savons dès le début ce qui va se passer. Mais le roman n'en reste pas moins dérangeant, parce qu'il appuie là où ça fait mal. L'autrice parle de plusieurs tabous : le viol et l'infanticide. C'était dérangeant, mais brillant. 

16/20

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