lundi 4 mars 2019

Eclat(s) d'âme, de Yuhki Kamatani


Illustrateur·trice·s : Yuhki Kamatani
Scénariste·s : Yuhki Kamatani
Traducteur·trice·s : Aurélien Estager
Éditeur·trice : Akata
Collection : L
Genre·s : Manga, seinen

Synopsis : « Deux jours avant les vacances d'été, je crois que... je suis mort ». C'est ce qu'a pensé Tasuku le jour où un de ses camarades de classe lui a piqué son smartphone, alors qu'il était en train de regarder un vidéo porno gay dessus. La rumeur s'est répandue comme une trainée de poudre. Tasuku, pense alors à se suicider, ne pouvant supporter cette réalité dont il n'avait pas encore complètement conscience lui-même, mais aussi par peur du regard de la société. Pourtant, alors qu'il s'apprête à sauter dans le vide, il aperçoit, au loin, une mystérieuse silhouette de jeune femme qui le devance et... saute dans le vide ?! Intrigué, terrorisé, il s'élance vers l'endroit d'où elle a sauté. Il y découvre, stupéfait, que la jeune femme est encore en vie, et qu'elle est l’hôte d'une sorte de résidence associative, véritable safe space où se réunissent diverses personnes LGBT. De rencontre en rencontre, le jeune lycéen va apprendre à se connaître, à s'accepter, et trouver sa place dans le monde.



Mon avis :

Tome 1 (176 pages) : C'est avec une grande joie mais aussi une pointe d'appréhension que je me suis plongée dans cette lecture, après en avoir entendu des éloges. En effet, le synopsis m'intéressait beaucoup et les échos que j'avais pu avoir me donnaient vraiment envie de découvrir cette série, mais j'avais peur d'être déçue parce que j'en avais trop attendu. 

L'histoire, c'est celle d'un lycéen, Tasuku, qui va commencer à se faire harceler parce qu'un élève l'a surpris en train de regarder une vidéo porno gay... et dans son établissement, il n'est pas de bon ton d'être homo. Le jeune homme décide alors de se suicider mais, alors qu'il s'apprêtait à sauter, il voit une jeune femme plonger... et survivre. Il découvre alors qu'elle est "l'hôte" pour un collectif associatif pour personnes LGBTQI+. 

En terminant ce premier tome, je me suis posé pas mal de questions, notamment sur l'hôte qui est un personnage très mystérieux, dont nous ne connaissons pas encore les motivations pour la résidence associative. J'ai trouvé que c'était encore très flou, mais je suis sûre que nous allons en apprendre plus par la suite. 

Au niveau des graphismes, nous retrouvons certains codes des mangas, comme les grands yeux très expressifs de certains personnages, tout en ayant un trait assez réaliste. Le style du mangaka est assez épuré, c'est très agréable, et cela rend la lecture fluide.

Les thématiques abordées (la découverte de l'orientation sexuelle, l'homophobie, le harcèlement scolaire, le coming-out...) sont importantes et j'ai hâte de voir ce que l'auteur·rice, Yuhki Kamatani, va faire avec cette histoire. En effet, j'ai aimé cette histoire, sans la trouver pour autant exceptionnelle... mais je pense que je vais encore plus accrocher par la suite ! 

15/20

Tome 2 (162 pages) : Ce second tome laisse voir d'autres personnes LGBTQI+, notamment parce qu'il est centré sur un personnage secondaire, Misora. Ce dernier est encore un enfant mais se pose beaucoup de questions sur son identité sexuelle, puisqu'il aime s'habiller en robe et se maquiller, sans savoir s'il se sent garçon ou fille... Tasuku va devoir faire face à ces propres préjugés grâce à Misora, et leur relation est un peu chaotique. 

Yuhki Kamatani remet en question le fait de ranger chaque personne dans une case, et c'est fait de manière intelligente. J'ai trouvé ce tome deux encore meilleur, principalement grâce à Misora, auquel je me suis rapidement attachée. 

L'auteur·rice interroge non seulement sur l'orientation sexuelle mais aussi sur le genre, et la communauté LGBTQI+ semble plutôt bien représentée, d'autant plus que cela va sans doute être étoffé par la suite. 

15/20

Tome 3 (168 pages) : Avec cette couverture sur laquelle nous voyons Tsubaki, on comprend vite que ce dernier va découvrir que Tasuku est impliqué au sein du Congrès des chats, ce qui va l'amener à se questionner sur l'orientation sexuelle de Tasuku, puisque les membres de cette association seraient, d'après les rumeurs, "des pédales". 

Ce troisième volume va principalement se concentrer sur le regard que les personnes peuvent porter sur les personnes LGBTQI+, avec notamment les retrouvailles entre Utsumi (un homme transgenre) et Komaya, une femme qui faisait partie du même club de volley-ball féminin que lui par le passé... Cette ancienne camarade va tendance à le mégenrer et à mal se comporter vis-à-vis de lui, à force de vouloir être trop bienveillante. 

À travers cela, l'auteur·rice critique le comportement parfois malsain des personnes qui veulent être alliées des LGBTQI+, et c'est important puisque ça peut nous questionner sur notre propre manière d'aborder les "minorités de genre". 

Au départ, j'étais moins emballée par ce tome, qui se révèle être au final particulièrement intéressant, notamment grâce à toute l'ambiguïté apportée par le personnage de Tsubaki, qui peut avoir des propos très violents, mais qui cachent sans doute un profond mal être... 

Une lecture toujours aussi agréable, et c'est avec un petit pincement au cœur que j'ai refermé ce livre sachant qu'il s'agissait de l'avant-dernier...  

15/20

Tome 4 (241 pages) : Voilà, c'est le quatrième et dernier tome. Comme on peut le voir grâce à cette couverture, il y a du mariage dans l'air...! Et celui-ci aura lieu dans la salle rénovée par les membres du Congrès des chats, selon l'idée de Tasuku. 

En parallèle de l'union de Haru et Saki, il y a M. Tchaïko qui vit des instants difficiles. J'ai aimé en apprendre plus sur ce personnage et j'ai trouvé son histoire très touchante. Et puis, nous en savons un peu plus sur l'hôte... qui reste malgré tout une personne mystérieuse. 

Et puis la relation entre Tasuku et Tsubaki connaît une fin, mais pas un point final. L'auteur·rice nous laisse imaginer ce qu'il va pouvoir se passer entre ses deux protagonistes. 

C'est probablement le tome que j'ai le plus aimé depuis le début, notamment parce que Yuhki Kamatani nous montre, une fois de plus, que le monde des personnes LGBTQI+ n'était pas fait que de paillettes et de bonheur, mais qu'il y avait aussi des problèmes, qui pouvaient être liés à l'homophobie ou la transphobie de notre société, notamment. 

Mais pour autant, nous avons pas une histoire dramatique qui se termine dans la mort et les larmes. Ce n'est pas que du drame, ce sont des choses de la vie, que l'auteur·rice raconte d'une manière belle et poétique. 

Ce dernier tome est celui que j'ai préféré pour tous ces aspects. C'était un excellent moment de lecture et une très bonne série, que je quitte avec des regrets mais du baume au coeur. 

16/20


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