dimanche 22 février 2015

Certaines n'avaient jamais vu la mer, de Julie Otsuka


Julie Otsuka
Historique
10/18
19 septembre 2013
143 pages

Synopsis : Nous sommes en 1919. Un bateau quitte l'Empire du Levant avec à son bord plusieurs dizaines de jeunes femmes promises à des Japonais travaillant aux États-Unis, toutes mariées par procuration.
C'est après une éprouvante traversée de l'Océan pacifique qu'elles rencontrent pour la première fois à San Francisco leurs futurs maris. Celui pour lequel elles ont tout abandonné. Celui auquel elles ont tant rêvé. Celui qui va tant les décevoir.
À la façon d'un chœur antique, leurs voix se lèvent et racontent leurs misérables vies d'exilées... leurs nuits de noces, souvent brutales, leurs rudes journées de travail dans les champs, leurs combats pour apprivoiser une langue inconnue, la naissance de leurs enfants, l'humiliation des Blancs... Une véritable clameur jusqu'au silence de la guerre et la détention dans les camps d' internement – l'État considère tout Japonais vivant en Amérique comme traître. Bientôt, l'oubli emporte tout, comme si elles, leurs époux et leurs progénitures n'avaient jamais existé.

Mon avis : Je dois avouer que j'étais totalement ignorante de cet épisode de l'Histoire du Japon, et que ce livre (au contexte historique) m'a permis, en quelques centaine de pages, d'apprendre bien des choses. Au début du vingtième siècle, des dizaines et des dizaines de jeunes femmes quittent le Japon au bord d'un bateau, pour rejoindre les États-Unis et rencontrer leur mari, qu'elles n'ont jusqu'alors vu qu'en photo. Nombreuses sont celles qui ont des rêves pleins à la tête, miroitent le rêve américain qu'elles ne vivront jamais... Elles étaient parties, pensant épouser des banquiers, des hommes d'affaires, des hommes importants, mais leurs époux (tous japonais également) ont menti, et sont fermiers, manutentionnaires, pauvres... Déracinées, ces femmes vont devoir se faire à leur nouvelle vie, loin d'être aussi belles qu'elles l'imaginaient. Dès le premier jour, c'est la "nuit de noces", elles se font violer par leurs maris. J'ai été très choquée par les mots employés par Julie Otsuka, que j'ai trouvés cependant très justes pour dénoncer quelque chose qui a existé - et qui existe encore - pour de vrai. Elles rêvaient de l'Amérique mais ne sont accueillies que pour accomplir des sales besognes, des travaux durs. Elles ne se plaignent pas... et pourtant. Quelle vie de misère ces femmes ont vécu.

Les chapitres sont très courts, et la narration assez inhabituelle, puisque c'est la première personne du pluriel qui est employé. Durant tout le roman, le "nous" sera de mise, permettant de comprendre que ce qui se passe vise toutes ces femmes. Au début, cela peut paraître déstabilisant mais, somme toute, j'ai trouvé que le choix de narration était très bon. Julie Otsuka nous raconte, et j'ai pu en apprendre beaucoup plus sur cette partie de l'Histoire totalement oubliée. J'ai vraiment choisi le bon moment pour lire ce livre, puisque je m'intéresse de plus en plus à la condition de la femme, à travers les époques et dans les différents lieux. Julie Otsuka traite le sujet avec brio, et Certaines n'avaient jamais vu la mer est un petit bijou qui vous fera réfléchir sur un tas de choses dont on parle trop peu.

4 commentaires:

  1. Moi aussi je ne connaissais pas cette partie de l'Histoire, et c'est vrai que l'auteure sait avec ce style décaler, nous immerger complètement dedans.

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  2. On a toutes les deux beaucoup aimé <3

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  3. J'apprécie de genre de roman historique, de plus je souhaite découvrir celui-ci depuis un long moment!

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