lundi 30 septembre 2019

Au nom du bien, de Jake Hinkson


Auteur·trice·s : Jake Hinkson
Traducteur·trice·s : Sophie Aslanides
Éditeur·trice : Gallmeister
Collection : Americana
Pages : 307
Date de parution : 2 mai 2019
Genre·s : Roman noir

Synopsis : Pasteur respecté d’une petite ville de l’Arkansas, Richard Weatherford n’en est pas moins simple mortel, avec ses secrets et ses faiblesses. Car Richard a fauté avec un jeune homme, Gary. Alors le coup de fil qu’il reçoit à cinq heures du matin ne présage rien de bon : le silence de Gary lui coûtera 30 000$, sinon Richard devra dire adieu à sa réputation et – surtout – à sa femme Penny et à leurs cinq enfants qui jamais ne supporteront un tel scandale. Prêt à tout pour empêcher son monde de s’effondrer, le pasteur n’a que quelques heures pour tisser une immense toile de mensonges où piéger son entourage. Mais c’est tout le charme des petites villes : même si leurs habitants prennent des directions différentes, leurs chemins finissent toujours par se croiser… inéluctablement.

Mon avis : Étant donné que j'ai lus tous les livres - du moins ceux qui ont été traduits en français - de Jake Hinkson, je peux d'ores et déjà dire que j'aime beaucoup cet écrivain et qu'on retrouve dans chacun de ces livres une critique de la religion catholique. Dans Sans lendemain (son avant-dernier ouvrage), il nous servait une passionnante histoire d'amour lesbien entre une jeune femme et une autre mariée à un pasteur... 

Cette fois, le protagoniste dont nous allons principalement parler est Richard Weatherford, le pasteur d'une petite ville de l'Arkansas. Il a couché avec un jeune homme, Gary, et celui-ci le fait désormais chanter. Contre 30 000 dollars, il ne dit rien à personne et met les voiles. Seulement, il faut pouvoir se procurer tout cet argent... ce qui va mener cet homme de foi, prêt à tout, dans un enchaînement de mensonges. 

Au fur et à mesure, nous allons rencontrer d'autres personnages, arborant tour à tour leur point de vue : celui de Gary Doane, le maître chanteur ; de Sarabeth Simmons, qui est vue comme la traînée de la ville et dont le beau-père, Tommy, est le salaud qui tient un bar dans le petit village ; Brian Harten, qui veut ouvrir un magasin de boissons, mais aussi Penny Weatherford, la femme de Richard qui ignore tout des penchants sexuels de son mari... 

Ses destins vont finir par s'entremêler, liés par le pasteur qui tient absolument à conserver sa réputation et à ce que sa femme et ces cinq enfants n'apprennent pas son aventure homosexuelle. Dans ce roman choral, nous allons avoir la possibilité de suivre les pensées de plusieurs personnages et de comprendre ce qui peut mener ces différent·e·s protagonistes à agir ainsi, dans cette petite ville de l'Arkansas de l'Amérique profonde, où l'homosexualité est encore un pêché... pire encore pour un homme marié et de l'Église. 

À mon tour, j'ai été prise dans cette spirale infernale où un croyant est prêt à tout pour ce qui lui semble être fait "au nom du bien". Ainsi, le titre de ce livre prend tout son sens. Un roman noir qui se dévore et qui nous permet de nous interroger sur les tréfonds de l'âme humaine. Une fois encore, Jake Hinkson met en avant les travers de la religion, et offre aussi une véritable critique de l'Amérique et de cette vision étriquée du bien, et faussée de ce qui est mal (diabolisation de l'alcool, des relations qui ne sont pas hétérosexuelles ou hétéro-romantiques...). C'est puissant et à dévorer de tout urgence !

16/20

2 commentaires:

  1. Super chronique, très bien construite et détaillée avec minutie sans en dire trop. J'aime beaucoup quand tu prends le temps d'écrire plus longuement, tu maîtrises l'art d'éventer un récit tout en mesurant les indices que tu fournis. Je me joins à ton avis, c'est un roman qui se dévore.

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    1. Oh merci beaucoup, ce commentaire me fait vraiment plaisir ! Je n'ai vraiment pas l'impression de faire de bonnes chroniques la plupart du temps, et je suis contente si celle-ci a pu te plaire !

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