mardi 7 mars 2017

Steak Machine, de Geoffrey Le Guilcher


Auteur·trice·s : Geoffrey Le Guilcher
Éditeur·trice : Goutte d'Or
Pages : 169
Date de parution : Février 2017
Genre : Essai, témoignage

Synopsis : Un CV imaginaire, une fausse identité, et un crâne rasé. Steak Machine est le récit d'une infiltration totale de quarante jours dans un abattoir industriel en Bretagne. Geoffrey Le Guilcher a partagé le quotidien des ouvriers : les giclées de sang dans les yeux, les doigts qui se bloquent et les défonces nocturnes. Un univers où, selon un collègue de l'abattoir, "si tu te drogues pas, tu tiens pas". L'usine ciblée par le journaliste abat deux millions d'animaux par an. Une cadence monstrueuse qui mène inéluctablement au traitement indigne des hommes et des animaux.

Mon avis : Qu'est-ce qui se passe dans les abattoirs ? C'est une question que peu de personnes se posent, parce qu'elles n'ont pas forcément envie de le savoir. Pourtant, incité par son éditrice, le journaliste Geoffrey Le Guilcher décide d'enquêter sur ces lieux un peu tabous. 

Pendant quarante jours, il va s'infiltrer dans un abattoir breton en se faisant embaucher par une boîte d'intérim. Dans Steak Machine, il nous raconte son expérience. Ses collègues, les patrons, les difficultés, les problèmes de santé - physiques et/ou psychologiques - que connaissent les employé·e·s qui côtoient la mort chaque jour, les tabous autour de la tuerie (là où les animaux sont tués), le travail à la chaîne, les cadences, etc. 

Grâce à ce livre, j'ai pu constater ce que je pensais déjà : dans les abattoirs, il n'y a pas que les animaux qui souffrent. Il y a aussi des êtres humains, cassés, abîmés, parfois bousillés par ce travail ingrat dont nous n'osons pas parler. 

Le travail à la chaîne est pénible en soi, mais à l'abattoir, il s'ajoute d'autres contraintes que cela, le bruit, le froid, la chaleur, les douleurs : pour les personnes qui sont à la tuerie, des cadences à tenir alors qu'ils sont face à des êtres vivants "qui n'ont pas envie de mourir, qui se débattent". Je mets des guillemets parce que ce sont les mots de Geoffrey Le Guilcher lors de la rencontre à Rennes. (J'en profite pour dire que c'est une personne très sympathique, et son éditrice également).

Je trouve très intéressant que le point de vue des ouvriers et ouvrières soit abordé, et pas uniquement le problème d'éthique animale que ces lieux de la mort posent. Ce que le journaliste voulait faire en s'y infiltrant, c'est découvrir comment les choses se passaient. Et si je vous en parle aujourd'hui, c'est pour que vous vous intéressiez à votre tour à ce sujet de société qui nous concerne tou·te·s : la souffrance humaine et animale due aux abattoirs.

16/20

1 commentaire:

  1. Rien que de lire ton avis, j’ai mal au cœur tellement c’est un sujet qui me révolte... C'est un sujet extrêmement important et ce témoignage a l'air bien construit, je le note mais je ne sais pas si j'aurai la force de le lire...

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